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John Martyn, l’alchimiste du folk et du jazz

Mémoire Sonore vous invite à redécouvrir John Martyn, l’alchimiste du folk et du jazz. De Solid Air à One World, plongez dans l’univers envoûtant d’un artiste visionnaire, entre poésie, expérimentations sonores et émotions brutes.

John Martyn – Solid Air

Sortie le 1 février 1973 chez Universal-Island Records Ltd.

Pochette de l'album Solid Air
  • Album : Solid Air
  • Artiste : John Martyn
  • Label : Universal-Island Records Ltd.
  • Sortie : 1 février 1973

Aujourd’hui dans Mémoire Sonore, partons à la (re)découverte de John Martyn, l’alchimiste du folk et du jazz

Figure singulière et insaisissable de la musique britannique, John Martyn a marqué des générations d’auditeurs par son approche unique du folk, infusé d’influences jazz, blues et rock. Véritable électron libre, il a su faire évoluer son style au fil des décennies, créant une œuvre riche et intemporelle, portée par une voix tantôt suave, tantôt écorchée, et par un jeu de guitare novateur. Pourtant, malgré une carrière prolifique et des albums majeurs, son nom reste moins connu du grand public que certains de ses contemporains.

Il est temps de redécouvrir John Martyn, ce génie discret qui a façonné l’histoire de la musique.


Des racines folk au jazz atmosphérique

Iain David McGeachy le 11 septembre 1948 à New Malden, en Angleterre, John Martyn grandit en Écosse, où il découvre la musique folk qui dominait alors la scène locale. Très tôt, il est fasciné par la guitare acoustique et se forge un style unique, intégrant des éléments de fingerpicking et d’écho delay, une technique qui donnera à ses morceaux une dimension aérienne et hypnotique.

À seulement 17 ans, il entame une carrière musicale dans les clubs folk de Glasgow et de Londres. Son talent attire rapidement l’attention du label Island Records, qui publie son premier album, London Conversation, en 1967. Ce disque, très ancré dans la tradition folk britannique, laisse déjà entrevoir un artiste en quête d’expérimentations, loin des conventions du genre.

L’année suivante, il sort The Tumbler, un album où les premiers accents jazz font leur apparition, notamment grâce à la collaboration avec le flûtiste Harold McNair. Ce tournant marque le début d’une mutation musicale qui le conduira à devenir un passeur de styles, refusant d’être enfermé dans une case.


L’album culte : Solid Air, un chef-d’œuvre intemporel

C’est en 1973 que John Martyn atteint un sommet artistique avec Solid Air, un album qui demeure aujourd’hui son œuvre la plus emblématique. Mélange envoûtant de folk, de jazz et d’expérimentations sonores, ce disque incarne toute la singularité de son art.

Dès la première note, Solid Air plonge l’auditeur dans une atmosphère vaporeuse et introspective. La chanson titre, dédiée à son ami Nick Drake, est une merveille de douceur et de subtilité, portée par une voix flottante et une guitare aux effets hypnotiques.

Parmi les autres morceaux incontournables, on retrouve « May You Never », un titre devenu culte grâce aux nombreuses reprises, notamment par Eric Clapton, et « Go Down Easy », qui illustre toute la délicatesse de son écriture. L’album explore des ambiances feutrées, souvent teintées de mélancolie, où la basse de Danny Thompson et le piano de John Bundrick viennent enrichir des compositions déjà d’une rare profondeur.

Solid Air est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands albums britanniques de tous les temps, un disque où l’émotion se mêle à l’expérimentation avec une grâce infinie.

🔊 Commencez par l’album Solid Air et laissez-vous envelopper par sa voix chaude. Laissez le voyage commencer.

Une carrière en constante évolution

Après Solid Air, John Martyn ne cesse de repousser les frontières de sa musique. Il intègre progressivement des sonorités électriques et électroniques, notamment sur One World (1977), un album novateur où il adopte une approche plus atmosphérique et avant-gardiste. La chanson « Small Hours », enregistrée en plein air au bord d’un lac, illustre parfaitement cette immersion dans un univers sonore contemplatif.

Dans les années 80, il explore un registre plus pop et rock, notamment avec Grace & Danger (1980), un album douloureux inspiré de sa séparation avec sa femme Beverly. Malgré les succès critiques et l’estime des musiciens de renom, John Martyn reste une figure de l’ombre, préférant suivre son propre chemin plutôt que de céder aux sirènes du succès commercial.


Vie personnelle et anecdotes

La vie de John Martyn est jalonnée d’anecdotes qui reflètent sa personnalité complexe et passionnée. Fils de deux chanteurs d’opéra, il a été élevé entre l’Angleterre et l’Écosse après le divorce de ses parents lorsqu’il avait cinq ans. Cette double culture a sans doute influencé sa musique, mêlant la rigueur anglaise à la sensibilité écossaise.

Son mariage avec Beverley Kutner a également marqué sa carrière. Ensemble, ils ont enregistré deux albums, Stormbringer! et The Road to Ruin, avant que John ne décide de poursuivre en solo, estimant que le duo limitait son expression artistique.

Grand amateur de rugby, il a joué durant sa jeunesse, une passion qui contrastait avec son image d’artiste bohème. Cette dualité se retrouvait dans sa personnalité, capable de passer de moments de grande tendresse à des accès de colère, souvent exacerbés par sa consommation d’alcool.

Son amitié avec Nick Drake est une autre facette notable de sa vie. Les deux musiciens partageaient une sensibilité artistique profonde, et la mort prématurée de Drake a profondément affecté Martyn, qui lui a dédié la chanson « Solid Air ».

Malgré une carrière marquée par des excès, John Martyn a su conserver une authenticité et une intégrité artistique rares, refusant de se conformer aux attentes de l’industrie musicale. Son œuvre, riche et variée, continue d’influencer de nombreux artistes contemporains.


Un héritage immortel

Malgré une vie marquée par des excès – alcool, drogue, blessures –, John Martyn n’a jamais cessé de composer et d’expérimenter jusqu’à son décès, le 29 janvier 2009. Il laisse derrière lui une discographie impressionnante, ponctuée de chefs-d’œuvre qui continuent d’inspirer des artistes de tous horizons, de Nick Cave à Bon Iver, en passant par Beth Orton et Devendra Banhart.

John Martyn n’a jamais cherché à plaire à tout prix. Il a simplement suivi son instinct, exploré des territoires musicaux inédits et offert à ceux qui l’écoutent une musique d’une intensité rare, entre rêve et réalité, entre douceur et fureur.

Alors, si vous ne l’avez jamais écouté, il est temps de vous plonger dans l’univers de John Martyn.

John Martyn • Outside In • Live on The Old Grey Whistle Test • 16 October 1973
JOHN MARTYN « TELL THEM IM SOMEBODY ELSE »PART 7

John Martyn – Solid Air
Sortie le 1 février 1973 chez Universal-Island Records Ltd.

Pochette de l'album Solid Air l'album de John Martyn paru chez Universal-Island Records Ltd le 1 février 1973 à redécouvrir dans le programme de radio Rempart France 


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